J’en connais que la popularité de Paris Hilton (quel nom ! Est-ce une femme, un hôtel, une capitale ?) laisse pantois...

Mais qu’a-t-elle fait ? (disent-ils)

  • Hériter d’une fortune ?
  • Mettre ses vidéos de sexe sur le net ?
  • Participer à des émissions de téléréalité ?
  • Qu’a-t-elle réalisé pour devenir la personne la plus connue de la planète avec le Christ, Bouddha et quelques autres ?

Il y a peut-être une réponse...

Paris Hilton, elle aussi, est un personnage liturgique. Peut-être pas une déesse, mais une prêtresse.
Nous sommes assis sur les bancs, elle sur l’autel médiatique, c’est une sorte de messe et nous la regardons dans sa fonction sacrée : consommer.
Consommer des objets, des produits de luxe, des services, des hôtels, de la mode, des transports en hélicoptère et en jet privé, des hommes...

C’est sa fonction rituelle.
Elle est l’interface entre le fidèle et le sacré.
Entre le consommateur et la Consommation.

Comme, jadis, le Roi dont parle Sartre dans Saint Genet comédien et martyr : « Il mange avec une générosité inlassable, et la foule est admise à le regarder bâfrer. »

La Reine, Paris Hilton, tout du même.

Ceux qui détruisent devant nous les produits que nous créons, et que nous admirons pour ça.

Appartenir à cette catégorie privilégiée n’est pas à la portée de n’importe qui. Il faut deux critères pour y être admis (en tout cas si on en croit Sartre) :

  • D’abord être né. Issu d’une lignée qui a formé le goût de l’aliment ou du luxe (les Bourbons, les Hilton).
  • Ensuite, avoir le droit divin de consommer. C’est-à-dire être Désigné.
    S’il est évident que c’était par Dieu jadis, quand on se trouvait dans une société théocratique, de nos jours, en démocratie, ce sont les médias qui donnent l’onction.

Mais encore...

Cependant c’est en même temps aussi un peu plus compliqué que ça.
Paris Hilton n’est pas seulement une prêtresse, elle est aussi un produit sacré, incarnant la Consommation, donc pourvue de Sa présence réelle.
Une sorte d’hostie, consommée par ses admirateurs.

Elle est l’icône du vide non seulement de la société, mais aussi des médias, qui se nourrissent quotidiennement de ce vide.

Et, donc, bientôt absorbée, adsorbée, détruite...

Mais il y en aura d’autres après...
Elles attendent déjà !

... et pour finir...

Tout est dans le nom : Paris Hilton n’aurait pas eu cette énorme couverture médiatique si elle s’était appelée “Montélimar Novotel” ou “Villeurbanne Campanille” !

P.-S.

  • Illustration : « Paris Hilton, nue et tout en or, dans le désert du Mojave » - auteur inconnu.
  • D’après un email d’Alain Bagnoud.