Cervantès et Shakespeare sont morts tous les deux à la même date, le 23 avril 1616.

Pourtant Shakespeare a survécu à Cervantès pendant dix jours...

Voici non pas un cours de danse sur le pas de deux, mais une explication de la valse des calendriers...

Les calculs mathématiques

La révolution de la Terre autour du Soleil dure une année, nous le savons tous... mais que représente un an ?

  • 1 an = 365 jours 5 heures 48 minutes 46 secondes (à 0,025 seconde près par excès)

Donc 1 an = 365,2422 jours.

Avant Jules César, l’année romaine durait 360 jours plus quelques jours ajoutés selon le bon vouloir des Pontifes, de sorte que l’année 45 avant J.C., le mois de mars se retrouva en plein hiver.

Jules César décida que l’année suivante durerait 445 jours et mit en place le calendrier Julien, comportant 365 jours.
Et tous les quatre ans, on rajoutait un jour. Pendant quelques siècles, en moyenne, l’année civile dure 365,25 jours.

Mais : 365,25 - 365,2422 = 0,0078 !
Il y a donc 0,0078 jour de trop par an.

Cela ne fait pas beaucoup bien sûr, mais suffisamment pour que tous les millénaires, un décalage de plus d’une semaine (7,8 jours) soit créé.

Vers la fin du XVI ème siècle, celui du grand astronome Copernic, on décida de corriger cette anomalie.

Le pape Grégoire XIII décida donc que le lendemain du 4 octobre 1582 serait le 15 octobre !

Et que, à partir de ce moment, dans le calendrier grégorien, 3 années bissextiles sur 400 seraient supprimées : les années multiples de 400 sont bissextiles (comme 1600 et 2000), mais les autres centaines ne le sont pas (comme 1700, 1800, 1900, 2100).

En 400 ans, cela ramène le décalage à 400 x 0,0078 - 3, soit 0,12 jours.

Cela ne tombe pas encore juste !

Dans 10 fois cette période, c’est à dire dans 4000 ans, il faudra supprimer un 29 février !

Il restera encore un décalage de 0,02 jours en 4000 ans.

Mais on a encore le temps de prévoir le coup : dans 200 000 ans, encore un jour de travail qui sautera ! (super)

Les réformes

En 1582 eut lieu une réforme du calendrier Julien dont la date de l’équinoxe de printemps dérivait lentement de siècle en siècle.

Le nouveau calendrier dit Grégorien ( du nom du pape Grégoire XIII ) ne comptera plus les années 1700, 1800, 1900 ... comme bissextiles.

Pour rectifier le tir, on décida que le lendemain du 4 octobre 1582 serait le 15 octobre 1582, supprimant ainsi 10 jours de l’année.

Cette réforme fut adoptée immédiatement en Italie, au Portugal, aux Pays-bas catholique ainsi que dans le pays de Cervantès : l’Espagne.

La France suivit deux mois plus tard.

La Grande Bretagne ( le pays de Shakespeare ) et la Suède n’adoptèrent le calendrier Grégorien que 170 ans plus tard, en 1752.

Durant tout ce temps les dates espagnoles ont gardé 10 jours d’avance sur les dates anglaises.

Shakespeare a donc survécu à Cervantès pendant 10 jours !

CQFD [1] !

A noter tout de même que la Grèce fut l’un des derniers pays à suivre le mouvement... en 1923.

Et aujourd’hui ?

Nous vivons toujours sur la base d’un calendrier hérité de l’Antiquité, curieusement imparfait en ce XXIe siècle.

La division de la semaine en sept jours est un héritage plus vieux encore, qui nous vient de Babylone.
Elle ne repose sur aucune base astronomique, mais plutôt astrologique, de même que le nom des jours, chacun étant placé sous l’influence d’un astre important ainsi qu’en décidèrent les prêtres de Babylone.

Dimanche Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi
Soleil Lune Mars Mercure Jupiter Vénus Saturne

Les pays nordiques baptisèrent les jours de la semaine du nom de leurs dieux :

  • mardi, tuesday, dédié au dieu Tiw,
  • mercredi, wednesday, à Woden, nom teuton de Odin,
  • vendredi, friday, à la déesse Frigga.

L’habitude d’inscrire en rouge le dimanche et en noir les six autres jours remonte au XVIe siècle, le rouge honorant la majesté du soleil.

P.-S.

Illustration : « Séance de la commission pour la réforme du calendrier Julien en présence de Grégoire XIII », Peinture sur tablette de 1582, Archives de l’Etat à Sienne.

Notes

[1Ce Qu’il Fallait Démontrer